Tu arbores ce visage perlé d’une indifférence nonchalante tandis que tu quittes le restaurant à la suite des serveurs. Tu es coupé du monde, allumant ta cigarette qui t’offre un réconfort certains. Elle t’aide à rendre les choses plus légères, instant éphémère de détente. « Buckley, tu te ramènes on va boire un coup au bar ? » Tu relèves la tête avec un soupçon d’arrogance et scrutes chacun de tes acolytes avec une certaine distance. Finalement, attrapant la clope qui restait prisonnière de tes lèvres, tu en souffles la fumée avec désinvolture et affiche un sourire en coin qui te donne l’air grave et moqueur. « Bonne idée, j’ai besoin d’une bière. » Le troupeau semble se déplacer avec une lenteur exaspérante, ou alors c’est toi qui fume trop vite car lorsque vous arrivez au bar, tu en es déjà à ta cinquième cigarette, que tu jettes préalablement sur le bitume avant de pousser la porte du lieu derrière toute la clique. Tu n’es pas particulièrement amis avec eux. T’es pour ainsi dire l’ami de pas grand monde, un brin chiant et solitaire, coureur de jupons sans grande attention, tu es au antipodes de ce qu’on apprécie communément et même s’il t’arrive de participer à ce genre de soirée ‘’entre potes’’ tu es bien souvent à décliner ses propositions pour te borner à prendre une bière et tenter de draguer une greluche insignifiante qui te fera passer le temps et l’ennui de ta vie monotone. Assis sur la banquette entre le gros - dont tu as oublié le nom – qui se cantonne à la plonge au restaurant et le mannequin en herbe à la coupe de cheveux aspergé de gel tu allumes une nouvelle cigarette sans faire fit des possibles restrictions au sujet des lieux publics interdit aux fumeurs. La conversation t’ennuie assez rapidement, comme si tu pouvais te soucier du réchauffement climatique. « Ok … je vais commander. Bière pour tout le monde ? » Tu n’attends pas vraiment de réponse, pousser le gros, tu te frayes un passage jusqu’au comptoir du bar, t’affalant sur le tabouret avec un soupire non dissimuler.

« Excusez-moi ? » T’interpelles la jolie brune qui sert les verres, elle est dos à toi et sans vraiment faire attention, tu ne l’as pas directement reconnue. Pourtant, elle ne tarde pas à te faire face et tu affiches un sourire non feint. Enfin quelqu’un que tu apprécies vraiment. Bizarrement, c’était toujours les gens avec qui ça commençaient le moins bien que tu t’entendais le plus par la suite. A l’instar d’autres personnes, votre relation avait bien commencé sur le scepticisme de Felicity quant à tes talents culinaires. Encore aujourd’hui, tu te rappelles de sa façon de te reluquer comme si tu étais un fou en sachant que c’était toi qui avait préparé ce plat. Sous certains aspects, tu la trouvais un peu trop persuadé que les hommes n’étaient doués qu’à boire des bières. C’était sans doute par orgueil que tu avais voulu lui prouver qu’elle avait tort et que tu l’avais invitée – avec quelques arrières pensées avouons le – a mangé chez toi. Tu avais cuisiné devant elle, persuadé que, dans le cas contraire, elle oserait te dire que tu avais commandé chez le traiteur. Ca avait été une réussite et, étrangement, après cela, vous étiez resté en contact. Un contact rapproché, d’ailleurs. « Ah tient, je savais pas que tu étais de service ce soir. » Tu esquisses un sourire, jetant un regard à la table des imbéciles qui doivent désormais parler des éoliennes, après tout, c’est la suite logique après le réchauffement climatique non ? Grimaçant intérieurement, tu serais presque tenter de leur faire faux bond pour rester vers la jolie brune. Bien plus intéressante comme perspective. « Six bières, s’il te plaît. » La femme à côté de toi, jolie rouquine te regarde l’air inquiet, comme si tu allais toi seul boire les six d’un coup. Tu lui offres un sourire bienveillant et elle s’en va. Tu ne sais pas trop si du coup, elle a comprit que ce n’était pas pour toi ou si elle te prend pour un psychopathe mais qu’importe. « Comment va la plus belle barmaid de Gisborne ? » Le ton charmeur, c’est pas de ta faute, tu es comme ça. Elle le sait et s’en est vite accommodé. Enfin du moins tu l’espères sinon, elle doit déjà ne plus te supporter, depuis le temps.