« Merci chéri. » Sky n’avait pas peur de mots. Elle les pensait, et seul la belle jeune femme face à elle pouvait les entendre. Alors, autant en profiter. Lorsque la manager sentit le pied de son vis-à-vis contre sa propre jambe, le coin gauche de sa bouche tressauta, le temps qu’elle s’empêche son sourire de s’agrandir. Malia jouait tellement bien son rôle. C’était à la fois agréable et utile. « Je prends comme d’habitude. » Sa salade de légumes du potager lui allait très bien. On est végétarien où on ne l’est pas. Et Sky aimait être ainsi. Souriante, la plus âgée fit signe à un serveur. « Deux coupes de champagnes je vous prie. On vous dira notre commande plus tard. » Le jeune homme lui fit un sourire poli, non sans avoir jeté un œil à sa poitrine. Tellement prévisible. Mais on n pouvait pas dire que Sky ne le cherchait pas. Or, elle ne s’était faite belle que pour la mannequin face à elle. « Ta nouvelle maquilleuse te convient ? » L’ancienne s’était fait viré, suite à une plainte de Malia. Cette imbécile avait réussis à lui mettre la pointe du crayon noir dans l’œil. Autant dire que cela avait rendu Sky furax, elle qui ne supportait pas que l’hispanique souffre à cause de quoi que ce soit. Les gens qu’elle aimait devait être toujours en bonne santé, heureux et comblé. Particulièrement Malia. Les coupes arrivèrent bientôt, et Sky prit la sienne, la tendant en direction de sa chérie. « A notre succès, notre petit plan et notre fantastique relation. » Trinquant avec son amante, la jeune Washington balaya la salle du regard. Trois journalistes. Deux gardes du corps. Et une quinzaine de clients normaux, leur lançant parfois un regard curieux, admiratif ou, plus rarement, jaloux. Buvant une gorgée de son champagne, l’américaine reprit. « On se fera du shopping cette semaine ? Je ne dis pas non contre quelques essayages… privés. » Sky agrémenta sa déclaration d’un regard pleins de sous-entendus. Que les paparazzis interprètent cela comme ils veulent, cela arrangeait bien les deux filles. Elles les manipulaient avec une telle facilité que cela en était pathétique.

Évidemment qu’elle prenait comme d’habitude, j’aurais du le savoir pourtant. En ce qui me concernait, je ne prenais jamais la même chose. J’étais du genre à vite me lasser et surtout, imprévisible, même en ce qui concernait des détails si futiles que le choix d’un plat. Ce soir ? Je jetterais probablement mon dévolu sur de la lasagne. J’avais la chance de ne pas grossir même en ingurgitant une tonne de nourriture hyper calorique. Enfin, je n’étais pas non plus du genre à me goinfrer.. Et mon footing matinal devait contribuer au maintien de ma ligne. Alors que Sky commanda du champagne, je vis le serveur jeter un coup d’œil à son décolleté. Ce qui avait pour don de légèrement m’agacer. Nul doute qu’il allait en pâtir ce soir. Je savais me montrer odieuse quand je le voulais, même si en général, je ne le faisais pas sans raison. « Svetlana est parfaite. Enfin, pour l’instant. Je pense que contrairement à l’autre, elle saura faire son métier convenablement. » dis-je au sujet de ma nouvelle maquilleuse. Je me demandais si, si mon ancienne maquilleuse avait fait cela à un autre mannequin, la sanction de Sky aurait été la même. Peut-être qu’elle aurait eu un avertissement mais elle ne se serait probablement pas fait virer. Non pas que le sort de cette incapable m’importe, au contraire. Soit on fait bien son métier, soit on ne le fait pas. Elle ne savait pas le faire ? Dehors. Des tas d’autres personnes nettement plus qualifiées seraient ravies de prendre sa place. Je ne pris même pas la peine de remercier le serveur lorsque celui-ci apporta nos coupes. Cependant, c’est tout sourire que je trinquais avec mon amante. Je bus quelques gorgées avant de reposer ma coupe, reportant mon attention sur la brune. « Oh, j’adorerais. J’ai grand besoin de nouveaux sous-vêtements et j’espère que tu me donneras ton avis là-dessus.. » lançais-je en la dévorant du regard. Ce n’était pas humain d’être aussi désirable. J’étais tout bonnement incapable de lui résister. Enfin, ce n’était pas que physique non plus. Je tenais réellement à elle également, évidemment. Levant doucement ma main vers son visage, je remis une mèche de ses cheveux en place. Geste parfois anodin mais qui, pourtant, était assez ambigüe ici, probablement à cause du jeu dans lequel nous nous étions lancé. Les paparazzis allaient adorer ça ! C’est ce moment que choisit le serveur pour venir prendre notre commande. Je me tournais vers lui, lui jetant un regard noir. « On ne vous a jamais appris à ne pas couper les gens lorsqu’ils discutent ? Je prendrais de la lasagne. Et si je ne suis pas servir d’ici dix minutes, je ferais en sorte que vous vous retrouviez à la rue. » Vengeance du fait de ma jalousie ? Non, pas du tout. « J’oubliais ; inutile d’observer le décolleté de mon amie, il ne vous sera d’aucune aide. » D’accord, j’étais jalouse. Mais comprenez moi ; même si elle était mariée, Sky était à moi. Je reportais mon attention sur elle et immédiatement, mon regard s’adoucit et un sourire prit place sur mes lèvres. 

« Elle a intérêt ! Sinon, elle peut faire ses valises. Hors de question qu’une incapable s’occupe de toi. Je ne supporterai pas qu’elle t’abîme. » Une ombre de colère passa dans les yeux de Sky, avant qu’elle ne croise de nouveau le regard de sa belle. L’effet fut immédiat, toute pensée négative s’envola d’un coup. C’était absolument magique. « Je me ferais un plaisir, tu le sais bien. » La Washington appuya un instant son visage contre la paume de main de Malia, appréciant le contact. Dieu qu’elle l’aimait. Lorsque l’hispanique redéposa sa main sur la table, Sky la caressa un instant, la serrant un moment. Cela pouvait facilement passer pour un geste réconfortant, mais également pour un signe d’amour. Alors tant mieux. Les yeux de la jolie brune se posèrent un instant sur son alliance, et un soupir lui échappa. Elle allait parler lorsque le serveur revint et que Malia fit une petite crise de jalousie. Un léger rire lui échappa, avant qu’elle n’adresse à son tour la parole au garçon. « Vous devriez mieux contrôler vos pulsions jeune homme. De plus, je doute que votre petite amie apprécie ce genre de regard. » « Comment vous… » « Votre gourmette. C’est un prénom de fille, suivit du votre, et je doute que cela appartienne à votre sœur. Oh, ce sera une salade de légumes pour moi. » « Je… bien. Je reviendrai après pour… pour votre boisson et… » Ne terminant pas sa phrase, il s’enfuit presque. Un sourire moqueur prit forme sur les lèvres de Sky avant qu’elle ne se tourne vers sa chérie. « J’adore quand tu es jalouse. Mais tu le sais, tu es la seule qui compte pour moi. J’ai même arrêté les fantastiques parties de jambes en l’air avec mon idiot de mari depuis que l’on s’est embrassé la première fois. » Sky attrapa la main de l’hispanique, essayant pas un simple pressement de lui passer toute l’affection qu’elle avait pour elle. Tout son amour. Et peu importe les divagations des journalistes et la crise que lui ferait son mari en rentrant si ça s’apprenait maintenant. Là, le plus important, c’était de rassurer la femme qu’elle aimait. Peu importe les conséquences. Elle aurait tellement aimé lui dire son amour tout haut… mais elle ne s’en sentait pas capable. Pas ici, déjà, et surtout, elle ne saurait pas comment gérer son aveu. Alors elle préférait se taire. Tant pis. Cela sortira bien assez tôt. Déjà qu’elle avait du mal à se l’admettre à elle-même parfois.

Un léger sourire se dessina sur mes lèvres lorsque Sky rembarra le serveur à sa façon. Elle était encore plus craquante comme ça - ce qu’auparavant, j’aurais cru impossible -. Et puis, c’était débile mais ça me rassurer. Oui, moi, Malia Gonzales avait parfois besoin d’être rassuré. Enfin, c’était sans doute la seule situation dans laquelle j’avais besoin qu’on me rassure, le reste du temps j’étais toujours sûre de moi. En même temps, quand on parle sentiments, personne ne peut être totalement certain et ça fait toujours du bien lorsque l’autre envoie sur les roses un éventuel concurrent. Bien que je n’avais rien à craindre, je savais que Skye était sincère avec moi. La preuve, elle ne couchait même plus avec son propre mari. Une légère rougeur se dessina sur mes joues. Mettons ça sur le compte de la chaleur et de l’effet qu’elle me faisait, jamais je n’admettrais que Skye venait de me faire rougir uniquement en me disant qu’elle tenait à moi. J’étais déjà incapable de dire que je l’aimais. Pourtant, c’était quelque chose de sûr. Il suffisait que je sente les battements de mon cœur s’accélérer en la voyant pour m’en rendre compte. Bref, je chassais ces pensées de ma tête. Le jeu, Malia. Concentre toi sur le jeu joué pour les paparazzis. « Peut-être, mais tu sais bien que je ne supporte pas qu’on t’observe de trop près. Puis, je me doute bien que tu as arrêté de coucher avec lui. Il doit faire pâle figure à côté de moi. » dis-je, à moitié sérieuse et à moitié amusée. A vrai dire, j’ignorais si son mari était doué au lit ou pas, et je m’en fichais. Parler de lui n’était pas forcément quelque chose que j’appréciais, même si c’était parfois nécessaire. Doucement, je me mis à caresser son bras se trouvant sur la table, un léger sourire aux lèvres. Ce geste était probablement plus ambigüe que tous les autres ; rares étaient les amies qui se prodiguaient ce genre de caresse. Mais le but serait facilement atteint et ce genre de cliché allait faire rentrer dans une rage noire le mari de ma Skye. « Seigneur, si tu savais à quel point j’ai hâte qu’on se retrouve seules. » confia-t-elle. Ce jeu m’amusait, oui. Mais je préférais tout de même les soirées passées aux côtés de la belle brune.

« Je me demande vraiment comment j’ai fait toutes ces années pour me passer de toi. » Oui, ça sonnait un peu comme une déclaration d’amour, mais peu importe. C’était simplement ce que Sky pensait, en beaucoup moins fort. Elle était certaine de ne jamais vraiment être capable de définir exactement ce que lui faisait ressentir Malia. De l’amour oui, du désir, de l’attirance, du bonheur, mais il y avait tellement d’autre choses, que seuls les personnes amoureuses connaissent. Il n’y avait pas de mots, au final. Simplement des sentiments. Des gestes, des regards et une connexion invisible, qui les reliait toutes les deux. Attrapant la main de la demoiselle, Sky la porta à ses lèvres et y déposa un baiser. Peu importe si ce geste était équivoque, peu importe que des gens malveillants se servent de ça contre elles. Elle ne pouvait se retenir, Malia la rendait littéralement dépendante. « Tu sais ce que j’aimerai ? Qu’on soit chez toi, qu’on se blottisse l’une contre l’autre dans ton lit, qu’on se mette un film et qu’on se câline. Simplement. Autour il y aurait des bougies, qu’on allumerait une fois le film terminé. On s’embrasserait, on se caresserait et ensuite… ensuite ce ne sera définitivement pas catholique. » Entrelaçant ses doigts avec celle de sa compagne, Sky sourit. Elle était, malgré tout ce qu’elle pourrait prétendre, vraiment romantique. Et elle le savait, Malia adorait cela. Bien que, généralement, elle ne lui avoue jamais. Ses yeux, ses gestes, le timbre de sa voix la trahissait toujours. Et ça suffisait à Sky. Du moment qu’il y avait ces petits signes, cet étincelle dans les yeux de sa belle et le sourire sur ses lèvres, alors tout irait. Elle pourrait tout affronter. Tant qu’elles seraient ensemble, Sky le savait, elles seraient invincibles. Elles le seront toujours. « Tu es tout ce que j’ai Malia. Je pourrai tout perdre, mon argent, ma popularité, ma mère, mon travail, tout. Si tu es là, je pourrai tout supporter. Mais si toi tu t’en vas, si toi, tu n’es plus là, je ne tiendrai pas une minute. » C’était horriblement guimauve et ça sonnait vraiment comme une déclaration d’amour, mais tant pis. Cette soirée serait parfaite, en tout point.

Sky voulait ma mort, j’en étais certaine. J’avais l’impression que mon cœur allait exploser à cause de ses paroles. J’étais vraiment heureuse d’entendre tout ça, j’adorais ces moments romantiques qu’on passait parfois ensemble. Ce n’était pas tout le temps comme ça, parce qu’on avait pas forcément l’habitude de s’étendre sur nos sentiments. Un sourire resplendissant et assez niais, il faut l’avouer, était présent sur mes lèvres. Même si je n’étais pas le genre de femme qui évoquait ce qu’elle ressentait, je faisais toujours un effort pour Sky. Effort récompensé par de douces paroles qui me réchauffaient le cœur. Bref, la regardant dans les yeux, je me lançais. « Je ne pourrais jamais partir. Si je devais me retrouver loin de toi, si je devrais vivre sans toi, j’en crèverais. Tu m’es vital. » avouais-je. Je n’arrivais pas à imaginer ma vie sans elle. C’était grâce à elle si je connaissais la gloire et que je pouvais vivre dans le luxe. C’était grâce à elle si je connaissais enfin l’amour et si je pouvais le vivre pleinement. Je lui en serais toujours reconnaissante. Elle m’avait fait revivre et avec elle, j’avais l’impression que tout ce que j’ai vécu n’était qu’un lointain souvenir, un cauchemar désagréable mais nécessaire pour atteindre le bonheur à ses côtés. Je passais une main sur sa joue, la caressant doucement. Ce geste était sincère et n’était en aucun cas pour les journalistes. « C’est grâce à toi si je connais le bonheur. Sans toi, tout s’effondrerait. » confiais-je. J’approchais mon visage du sien et déposais un léger baiser au coin de ses lèvres. Je n’allais pas l’embrasser à pleine bouche, c’était bien trop tôt pour cela. Les paparazzis finiraient pas se douter de quelque chose - bien qu’ils soient incroyablement naïfs et qu’ils soient nos pions depuis le début de la soirée -. Souriant, je me remis à ma place alors que le serveur apporta nos plats. Je consultais ma montre. Il avait respecté le délai que j’avais placé en commandant.. Tant mieux pour lui, il venait de réussir à garder sa place. Pour l’instant. Je commençais à manger un morceau de ma lasagne, jetant un regard par la fenêtre. Je vis quelques journalistes regarder attentivement la scène. Vraiment, je pensais pas qu'il y en aurait autant, si on compte ceux présents dans la salle du restaurant. « Ils ont l’air de se régaler, eux aussi. » lançais-je à l’intention de ma collègue.